Un Premier ministre nommé, les aspirations au changement toujours pas entendues
Publié le 10 septembre 2025Ce 10 septembre, on est en plein paradoxe. La mobilisation du jour, à travers le mot d’ordre « Bloquons tout », montre, s’il le fallait, le rejet de l’austérité et la volonté de changement de cap exprimée par une grande majorité de Français. La veille, Sébastien Lecornu a été nommé Premier ministre, le 5ème depuis 2022, preuve d’un système enkysté.
Face à l’instabilité provoquée par la dissolution de 2024, le Président de la République continue la « danse du centre », foulant au pied la volonté populaire. Ainsi, à la crise sociale et économique, s’ajoute la crise institutionnelle.
Le Président de la République, pourtant clé de voûte des institutions de la V ème République, en est devenu le verrou. Il décide seul de la nomination du Premier ministre, de la dissolution, d’un éventuel référendum ou encore de sa démission.
La situation du moment amène deux réflexions. La première : le constat d’une fatigue institutionnelle et démocratique et une réelle perte de confiance. Notre V ème République, telle qu’elle est conçue, est à bout de souffle et ne répond plus aux aspirations des citoyens et à leur volonté de participer au débat et à la prise de décision.
Cela appelle la deuxième réflexion : redonner du sens au régime parlementaire, avec un Président de la République, certes garant de nos institutions, mais dont les pouvoirs seraient limités.
Une réforme institutionnelle profonde doit être engagée. C’est le seul gage de la sortie de crise de notre régime. La question du septennat unique devrait être posée : elle éviterait que le Président de la République soit animé uniquement par sa réélection. De plus, est-il encore opportun que le Président de la République préside le Conseil des ministres ? L’inverse permettrait de donner du sens à l’engagement gouvernemental et à la représentation nationale.
Pour sortir de l’impasse et redonner du sens à notre démocratie représentative, les citoyens doivent être placés au centre de nos institutions, au-delà des seules échéances électorales. Au-delà également des seules conventions citoyennes dont les conclusions sont bien trop souvent balayées d’un revers de main par l’exécutif. Cela peut passer par la mise en place d’un pouvoir révocatoire ou encore permettre leur participation sur les grands enjeux sociaux, à l’image du référendum d’initiative citoyenne. Cela renforcerait la démocratie participative, si attendue aujourd’hui.
Ces questions méritent d’être débattues, car plus que jamais, nous avons besoin d’une grande respiration démocratique.
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