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Il est urgent d’agir pour un multilatéralisme cohérent

Retrouvez les signataires en cliquant sur ce lien https://icanfrance.org/urgent-agir-...

Dire que la situation mondiale devient de plus en plus préoccupante est une triste vérité. La guerre apparaît à nouveau, comme un moyen normal pour régler les différends entre États. Une situation où il ne doit plus être exclu qu’une puissance nucléaire (autoritaire ou démocratique) emploie une ou plusieurs de ces armes de façon volontaire ou par accident. Ce tabou n’a pas été franchi dans un conflit depuis la destruction des villes d’Hiroshima et de Nagasaki il y a 80 ans, ou près de 220 000 personnes disparurent. Mais pour combien de temps encore ?

Cette question doit toutes et tous nous interpeller. D’autant plus que, selon le ministre des armées M. Lecornu, « la dissuasion nucléaire […] n’est plus toujours consensuelle » (Assemblée nationale, 26 avril 2024).

Depuis 1970, date d’entrée en vigueur du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), les États, au sein des Nations unies, avec un certain succès, ont eu comme objectif principal la nécessité de mettre un terme à la prolifération nucléaire. Pour cela, à partir des années 1990, avec la fin de la guerre froide, des processus de désarmement nucléaire ont été mis en place. Dernier État doté de l’arme nucléaire à ratifier le TNP (3 août 1992), la France a participé à ce mouvement de réduction des arsenaux nucléaires. Les autres États dotés (États-Unis, Russie, Royaume-Uni) ont aussi désarmé ou ont fait stagner leur arsenal (Chine).

Ce temps est révolu. Pékin a doublé son arsenal depuis 2010, Londres a annoncé l’augmentation de son stock d’une trentaine d’unités et Moscou pourrait suivre cette voie. L’administration Trump peut nous réserver des surprises. En tout cas, les décisions prises par le passé du déploiement de nouvelles armes nucléaires dans cinq pays de l’Otan est en cours de réalisation.

La France n’est pas en reste. À ce jour, nulle information sur l’augmentation du nombre de têtes nucléaires, mais la mise en œuvre d’un renouvellement complet de son arsenal et des systèmes afférents avec une enveloppe budgétaire qui ne cesse d’augmenter (passant de 4,45 milliards € en 2019 à 7,07 Mds € en 2025).

Nous souhaitons rappeler une règle simple — et ce tout en appartenant à différents courants de pensée : plus d’armes nucléaires ne peuvent que renforcer une plus grande insécurité mondiale et les risques inhérents de leur emploi, aux conséquences humanitaires catastrophiques, comme le souligne régulièrement le Comité international de la Croix-Rouge. Nous ne devons pas recommencer les erreurs du passé.

Quatre ans après l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), 73 États l’ont déjà ratifié, et 25 autres États sont signataires et ont entamé leur processus de ratification. Nous ne pouvons que nous féliciter de voir tous ces États interdire les armes nucléaires, renforçant ainsi la lutte contre la prolifération nucléaire, et in fine notre sécurité commune. Certains de ces États ont une connaissance du spectre nucléaire, ayant eu des armes nucléaires ou souffert des retombées des explosions nucléaires.

La France a été un des critiques les plus virulents de ce traité. Communicant contre celui-ci à de nombreuses reprises, notamment (en 2017, 2018 et 2020) avec la Chine et la Russie. Rien ne laisse prévoir, une volonté de votre part monsieur le Président d’engager juridiquement la France dans cette nouvelle norme de droit international. Mais tout vous oblige à ouvrir le dialogue et à ne plus fermer la porte du multilatéralisme, que vous avez tant vanté dans votre discours aux Nations unies (en 2020), en participant comme observateur à cette troisième réunion du TIAN.

Si la France a des responsabilités particulières comme membre permanent du Conseil de sécurité, elle n’est pas un État comme les autres surtout du fait de sa capacité potentielle à changer la destinée de notre société humaine. Être présent, sera le signe d’assumer cette « responsabilité d’État nucléaire » tant vantée ces derniers mois.

Elle ne sera pas le seul État qui partage cette croyance en l’arme nucléaire. D’ores et déjà, l’Allemagne ou encore l’Australie, par exemple, ont annoncé leur participation comme État observateur.

Monsieur le Président, vous avez écrit en 2023, lors de votre participation au G7 à Hiroshima, « avec émotion et compassion, il nous appartient de contribuer aux devoirs de mémoire des victimes d’Hiroshima et d’agir en faveur de la paix, seul combat qui mérite d’être mené ».

Alors que nous sommes entrés dans cette année spéciale des commémorations des 80 ans de la destruction d’Hiroshima et de Nagasaki, ne laissez pas cette parole vide de sens. Agissez en faveur de la paix.

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