Soyons-en certains, l’intelligence artificielle (IA) ne remplacera jamais l’intelligence humaine. À l’inverse de la machine, notre force est notre conscience collective. Soyons-en certains aussi, c’est un formidable outil pour le capital pour améliorer ses gains de productivité, mais surtout pour nous exploiter et nous aliéner. Pour plus de confort et d’efficacité, tous les salariés devraient désormais intégrer l’IA dans leurs usages. Ils n’auraient plus le choix, le passage serait obligé.
Voilà ce que martèlent les multimilliardaires de la Silicon Valley. Leur credo est simple : ce qui est technologiquement possible est socialement bénéfique. Une dangereuse illusion.
Selon une étude d’août 2025 des chercheurs de l’université de Stanford, « l’emploi des travailleurs âgés de 22 à 25 ans a chuté de 13 % aux États-Unis depuis 2022, dans les secteurs les plus exposés à l’automatisation permise par de tels outils ». D’autres études montrent que 25 % des tâches aux États-Unis et en Europe, soit 300 millions d’emplois, pourraient être automatisées grâce à l’IA. Ce n’est pas tout.
L’IA attaque la nature même de nos emplois. Avec des métiers simplifiés, standardisés, une surveillance accrue et des travailleurs qualifiés réduits à contrôler leurs anciennes tâches désormais produites par la machine. Une menace directe pour le monde de la culture et de la création. Le récit des géants de la Tech invisibilise deux autres réalités.
Pour entraîner leur IA, ils exploitent des millions de travailleurs dans des conditions indignes. Derrière chaque réponse, on trouve des hommes et des femmes qui passent leurs journées à sélectionner des images souvent traumatisantes pour un salaire de misère.
Ces usages ont aussi un coût écologique que notre planète ne pourra pas absorber. La multiplication des data centers augmente de manière vertigineuse la consommation électrique, pour alimenter leurs serveurs, et d’eau, pour les refroidir. Cette fuite en avant est effrayante. Ils vont précipiter la destruction de notre planète. Ils sont guidés par une seule main : celle du profit. Des milliards sont investis, il faut que ça rapporte. À n’importe quel prix. Il est temps d’arrêter la course folle de leur monstre technologique. Révoltons-nous comme les luddites, ces ouvriers du textile qui, dans l’Angleterre du XIXe, ont détruit leurs machines pour préserver leurs emplois et leur savoir-faire. L’IA applicative devrait être sanctuarisée à ce qui fait sens et bien commun : recherche, santé, lutte contre le réchauffement climatique… Bien loin des requêtes inutiles et des usages qui ne font qu’accentuer la pression sur les travailleurs.
Nous n’avons pas besoin de l’intelligence artificielle générative. Au contraire. Des chercheurs du MIT ont montré l’impact négatif de l’usage des agents conversationnels sur nos fonctions cognitives et les biais qui faussent les réponses des IA sont innombrables. Réfléchissons donc ensemble à son interdiction. Ne les laissons pas faire ! C’est leur futur, pas le nôtre. Nous n’aurons pas de deuxième avenir.
Intelligence artificielle
"Nous n’avons pas besoin de l’IA générative" : la tribune d’Alexandre Basquin
Publié le 14 octobre 2025Coût écologique, humain, course au profit, biais, erreurs....Dans une tribune parue ce 13 octobre dans le journal l’Humanité, le sénateur Alexandre Basquin explique pourquoi nous devons nous passer de l’intelligence générative. Et pourquoi, au contraire, nous devons supporter l’IA applicative dans des domaines qui font sens commun comme la santé.
Voici sa tribune
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En conférence de presse vendredi, Alexandre Basquin, aux côtés de la sénatrice Michelle Gréaume et du maire de Thiant Marc Wattez, a présenté la proposition de loi qui porte sur la création d'un pôle public d'éradication des déchets contenant de l'amiante.
En effet, alors que la fabrication de l'amiante est interdite depuis presque trente ans, les "fibres tueuses" n'ont, pour autant, pas disparu. On les retrouve dans 90% des bâtiments construits avant 1997, 15 millions de logements et une partie des canalisations d'eau potable. L'Agence nationale de santé publique estime que l'amiante sera responsable de 100 000 décès d'ici 2050. Ce n'est pas tout : si le désamiantage progresse, la gestion des déchets (entre 300 000 et 600 000 tonnes par an) reste problématique. En effet, 97% d'entre eux sont enfouis dans le sol, sans inertage préalable. Un vrai danger pour notre santé et l'environnement. Alors que des solutions alternatives existent ! Mais, faute de moyens et de volonté politique, elles sont insuffisamment développées.
La région des Hauts-de-France étant particulièrement concernée, les sénateurs du Nord Alexandre Basquin et Michelle Gréaume ont décidé d'agir.
Ils viennent de déposer une proposition de loi qui demande la création d'un pôle public d'éradication des déchets contenant de l'amiante. Parce qu'il est temps de les éliminer définitivement, avec des solutions à la hauteur des enjeux sanitaires et écologiques.
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C’était donc possible ! Michelin vient d'annoncer qu’il allait rembourser une partie de l’argent versé par l’Etat, soient plusieurs millions d’euros, pour l’acquisition de huit machines-outils destinées au site de La Roche-sur-Yon (Vendée). Or, seules deux ont réellement été installées sur place et les autres ont été envoyées à l’étranger.
Cette décision, prise sans contrainte judiciaire, va dans le sens des recommandations du rapport rédigé par le sénateur communiste Fabien Gay dans le cadre de la commission d’enquête sur les aides publiques versées aux entreprises. Le sénateur a d’ailleurs assuré rester « pleinement mobilisé jusqu’au remboursement effectif ». Ce qui serait une
grande première.
Sorti en juillet, ce rapport a fait l’effet d’une bombe et ne cesse de faire parler de lui depuis.
Grâce au travail de la commission d’enquête, il a été établi, pour la première fois, que les aides publiques versées aux entreprises atteignaient 211 milliards d’euros pour la seule année 2023. Sans contrepartie, ni contrôle.
« Ce qui nous a stupéfiés, c'est qu'il n'existe aujourd'hui aucune définition précise des aides publiques et qu'il n'y a aucun tableau centralisateur : donc l'administration a été incapable de nous dire combien elle donnait, à qui et à quoi cela servait », a déploré Fabien Gay, devant la presse.
Le rapport a, notamment, établi que des grands groupes comme Michelin, ArcelorMittal ou LVMH recevaient des millions de la part de l’Etat et continuaient à verser des dividendes à leurs actionnaires, tout en menant des plans sociaux
« Bien loin de présenter l'ordonnancement d'un jardin à la française, le paysage des aides publiques aux entreprises semble aujourd'hui éclaté et échapper à toute réflexion d'ensemble », peut-on lire dans les conclusions.
En tout, vingt-six propositions ont été élaborées par les sénateurs.
Entre autres, la commission d’enquête a appelé à « un choc de transparence », mais aussi de « rationalisation », de « responsabilisation » et d’« évaluation ».
Fabien Gay a, également, expliqué que les sénateurs souhaitent que l'Insee puisse créer, d'ici à 2027, « un tableau, actualisé chaque année, des aides publiques aux entreprises, en fonction de leur taille », ce qui n'existe pas actuellement. Autre préconisation : « imposer le remboursement total » d'une aide si l'entreprise délocalise dans les deux ans le site ou l'activité l'ayant justifiée, et mieux encadrer les aides quand les entreprises versent des dividendes. Celle-ci a, donc, été suivie par le groupe Michelin.
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