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Violences faites aux femmes : des mesures qui ne sont pas à la hauteur

Suite aux annonces gouvernementales de lutte contre les violences faites aux femmes, le sénateur du Nord, Alexandre Basquin a écrit au Premier ministre en novembre pour réclamer des mesures à hauteur des enjeux. Car les associations manquent de moyens, les interlocuteurs sont toujours insuffisamment formés et les services de l’Etat sont débordés.

Courrier à l’attention de Michel Barnier, Premier Ministre

Les mesures que vous avez annoncées, M. le Premier Ministre, lors de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, vont, certes, dans le bon sens mais ne sont pas à la hauteur des enjeux.
Toujours en cours, le procès dit « des viols de Mazan », a créé une onde de choc au niveau national et international. Il a révélé l’immense courage de Gisèle Pélicot qui, en refusant le huis clos, a mis la société face à ses responsabilités. Il a, également, mis au jour le sentiment d’impunité de Dominique Pélicot et de ses co-accusés, au « profil souvent banal », qui ont été jusqu’à évoquer des « viols involontaires ».
Cela dit beaucoup des mentalités qui n’évoluent pas assez vite et de regards qui n’ont toujours pas changé.
Selon la base statistique de la police et de la gendarmerie, le nombre de victimes de violences sexuelles a doublé entre 2016 et 2023, en France, avec des agresseurs qui sont, quasi exclusivement, des hommes.
D’ailleurs, mon département du Nord affiche, malheureusement, l’une des plus grandes proportions de femmes victimes de violences.

Et, comme l’indique l’ONU, « en 2023, au moins 51 100 femmes ont subi une violence de genre qui s’est achevée par leur assassinat, perpétré par leur partenaire ou des membres de leur famille. Cela signifie qu’une femme a été tuée toutes les 10 minutes ».
Sans oublier que les femmes sont les premières victimes du harcèlement en ligne.

Face à cet afflux, les associations manquent de moyens, les services de l’État sont débordés et les interlocuteurs restent insuffisamment formés.
Ce qui devait être la « grande cause du quinquennat » n’a, malheureusement, pas assez avancé et, encore aujourd’hui, une femme est tuée par son conjoint ou son ex-compagnon tous les trois jours en France.
Ce n’est plus supportable. Il est temps de réagir avec un plan d’urgence et un déblocage massif de fonds.
La Fondation des Femmes estime à 2,6 milliards d’euros par an le budget minimum que l’État devrait consacrer à la protection des victimes de violences conjugales, sexistes et sexuelles en France, alors qu’il n’en consacre, aujourd’hui, que 545 millions.
Il est plus que temps d’agir, en matière de prévention et d’accompagnement, à la hauteur de ce qu’exige la souffrance de toutes ces victimes.

Il est plus que temps que leur parole soit enfin entendue, comme, d’ailleurs, le travail des associations de prévention et de lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Monsieur le Premier ministre, il est impératif que vous puissiez porter un projet bien plus ambitieux que celui annoncé dernièrement.
Je vous prie de croire, monsieur le Premier ministre, à l’expression de ma haute considération

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